La saisie conservatoire en cas d'impayé de loyers

L’obligation principale d’un locataire est avant tout de régler ses loyers et charges, toutefois à défaut le bailleur dispose de plusieurs solutions afin d’en exiger le paiement, qu’il s’agisse d’un bail d’habitation soumis à la loi du 6 juillet 1989 ou encore d’un bail commercial sur le fondement de l’article L145-41 du code de commerce, mais encore de tout autre bail écrit de louage d'immeuble.

La procédure d’expulsion est une procédure longue, qui nécessite le respect de plusieurs actes judiciaires dans le but d’obtenir une décision de justice prononçant l’expulsion de son locataire.

Elle débute par la signification d’un commandement de payer les loyers ouvrant à son débiteur un délai de deux mois pour s’exécuter sur le fondement d’un bail d’habitation et d’un mois en matière commerciale, faute de quoi, la clause résolutoire insérée au bail pourra jouer et il conviendra dans un second temps et une fois les délais légaux expirés d’assigner son locataire en expulsion devant le juge des contentieux de la protection.

Le risque est évidemment que la situation d’insolvabilité de son locataire persiste voir même ne s’aggrave, c’est pourquoi le bailleur a tout intérêt de faire pratiquer une saisie conservatoire sur les biens de son débiteur afin d’assurer son paiement.

Conformément à l’article L511-2 du code des procédures civiles d’exécution ci-dessous reproduit, une saisie conservatoire peut être pratiquée en vertu d’un contrat écrit de louage d’immeuble.

« Une autorisation préalable du juge n'est pas nécessaire lorsque le créancier se prévaut d'un titre exécutoire ou d'une décision de justice qui n'a pas encore force exécutoire. Il en est de même en cas de défaut de paiement d'une lettre de change acceptée, d'un billet à ordre, d'un chèque ou d'un loyer resté impayé dès lors qu'il résulte d'un contrat écrit de louage d'immeubles ».

L’huissier de justice ainsi mandaté pourra alors mettre en œuvre une saisie conservatoire sur les comptes bancaires ou au domicile du débiteur le cas échéant. Le locataire ne pourra alors plus disposer des sommes d’argent immobilisées par l’acte de saisie et elles seront reversées au bailleur à l’issue de la procédure.

A noter, que le bailleur doit obligatoirement saisir le tribunal compétent dans le mois suivant la saisie en vu d’obtenir un jugement condamnant le débiteur aux sommes réclamées. A défaut, la saisie sera nulle et ne produira aucun effet. Outre le fait d’assurer un paiement en fin de procédure, la saisie conservatoire peut également permettre une réaction du locataire défaillant !

Après avoir obtenu le jugement de condamnation à l’encontre de son locataire, le bailleur fera à nouveau intervenir son huissier pour convertir l’acte de saisie et procéder au recouvrement des sommes dues.

Les contestations restent toutefois ouvertes au locataire, pouvant saisir le juge compétent et demander la condamnation du bailleur à des dommages et intérêts en réparation du préjudice subit par l’acte de saisie. De plus, les frais de l’acte de saisie conservatoire doivent être avancés par le bailleur.

On le voit, le bailleur dispose ici d'un moyen de pression redoutable sur le locataire indélicat, en pouvant lui saisir ses biens et notamment ses comptes bancaires, avec un effet de surprise souvent total.

A noter que cette procédure est possible pour tous les types de baux, que ce soit en matière civile ou commerciale: en effet le texte vise une situation particulièrement large du bail écrit de louage d'immeuble.

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